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Lettre à un sale type

Je ne crois pas avoir rencontré une personne plus abjecte que toi. Depuis que je te connais, tu te gargarises du mot "famille". Pourtant, tu n'as jamais cherché à faire plaisir à qui que ce soit autour de toi. Tu es le centre de l'univers et tout t'appartient, les choses et les êtres.

Les années t'ont transformé en une vieille bête haineuse et mesquine. Tu as toujours été mythomane, au point de ne même pas tolérer un semblant de réalité. Trop couard pour admettre les choses telles qu'elles sont, pour dire, une fois dans ta piètre existence, "je me suis trompé". Imbu de ta petite personne, mais jouant la fausse modestie constamment. Tout est malsain en toi. Il n'y a aucune sincérité, aucune vérité. Tu ne sais que falsifier, manipuler, torturer, détruire. Toujours poliment bien sûr. Tu es un homme charmant. Tu écoutes de la musique baroque, tu couvres tes murs de livres d'art et d'histoire, tu te soucies de ta tenue vestimentaire. Tout pour la façade. La réputation. L'essentiel : ce que les autres pensent de toi, toi, toi... La poudre aux yeux qui ne dissimule qu'une toile d'araignée avec au centre, le pire de la nature humaine.

Tu as sacrifié ta famille pour satisfaire tes délires mégalomanes. Toi, l'Entrepreneur. Tu rivaliserais presque avec Néron. Ton admiration pour les dictateurs et ton culte de la chose militaire te trahiraient presque. En société, tu prendras soin de les dissimuler sous des considérations géopolitiques tirées à quatre épingles. Toi seul comprends la trame finale, de tout temps et de tout continent. Bien sûr, tu envelopperas toujours de prudence tes élucubrations, toi le Prudent, le Sage. Pas question d'être pris en défaut.

Tes premiers mots, après le suicide de ta femme, à ton domicile, en ta présence, ont été : "la honte". Ta fille, également, a osé t'infliger l'humiliation d'une maladie "honteuse", remettant en cause ton intégralité de "père". Calomnie ! Ces spécialistes qui ont osé insinuer que tout n'était pas rose dans ton foyer, quelle racaille médicale !

Il n'en fallait pas tant pour conforter ton écoeurante misogynie. Ces sorcières qui ne pensent qu'à te salir, toi le Dieu porteur du nom, de la lignée. Heureusement, il te reste ton fils pour t'entretenir dans tes délires. Lui, qui vit depuis bien longtemps à des milliers de kilomètres, méritera tout. Il sauvera tout. Il sera ton prolongement, jusqu'après ta mort. Car elle arrivera. Et à sa seule pensée, tu deviens encore plus sournois, encore plus sadique. En privé bien sûr. Jusqu'à ce jour-là, tu t'évertueras à faire souffrir les quelques-uns qui restent, par contrainte, autour de toi. Les malheureux qui n'ont pas pu s'échapper.

Tu continueras à prendre des nouvelles de personnes que tu n'as pas vues depuis des dizaines d'années. Ces "amis" qui ne connaissent rien de toi, à part la façade. Ceux qui n'ont pas vu à travers l'écran de fumée. Ou qui n'ont pas voulu voir. Souvent je me demande : à quel point sont-ils encore dupes ? Est-ce de la pitié ?

Encore aujourd'hui tu ouvres le champagne pour le plombier, geste que tu n'as pas daigné esquiver quand ta fille, cette "connasse" a acheté sa première maison. Jaloux ? Toi qui, à 85 ans, est locataire... Après tout, toutes ces maisons que tu te targues d'avoir construites, tu les as perdues. La faute aux méchants, aux jaloux. Toi, pauvre victime innocente, tu n'as jamais rien fait de travers...

Tu continueras à fêter les anniversaires de quelques rares "connaissances", dont tu as pris soigneusement note. Alors que tu n'as jamais été foutu de fêter ceux de ta femme ou de ta fille. Ni de ton gendre, pourtant un mâle... Lui n'a pas reçu l'adoubement. Il a vu tout de suite clair dans ton jeu. Il sera donc excommunié, le "petit con".

Ils avaient tous raison. Ton frère, d'habitude si calme et sociable, qui, un jour dans un bureau, sort de ses gonds et lâche : "Mais c'est pas possible, personne ne pourrait travailler avec toi !". Ta femme, qui les yeux au sol, me glisse : "Ha, avec lui, il n'y a que la flatterie qui marche. Le premier escroc qui passe et qui lui fait un compliment, c'est parti, il se met à courir." Ils savaient. Ils avaient subi. Ils avaient compris.

Pour moi, l'écran de fumée a duré des années. Remarque, je tentais de t'éviter à tout prix. Facile, vu le peu de considération portée à ta famille, alors que déjà l'enfant chéri, le Fils, s'était envolé du bourbier sans fond. Conscient, très conscient des "dysfonctionnements", et sauvé par ce qui restait encore en banque. Tu as dilapidé les ressources de ta femme, tu as fait subir aux autres toutes les conséquences de tes échecs et tu as continué tes méfaits avec un égoïsme illimité. Sans jamais le reconnaître, en niant la réalité pendant 85 ans, par lâcheté ou par démence, peu importe désormais.

Les "hommes" comme ça ne devraient jamais avoir de famille. Ils devraient être tenus à l'écart de la société, être mis hors d'état de nuire. Sans doute savent-ils instinctivement repérer les proies qui toute leur vie les protégeront, les excuseront, fermeront les yeux et se sacrifieront. Ces proies qui mettront en péril également leurs enfants, tiraillées entre leur compassion pour eux et la réputation de celui qui les tient sous leur joug sordide.

Un pervers narcissique. Un sale type, qui n'aura même pas donné de sépulture à sa femme. Non, il la garde en "trophée" dans sa chambre à coucher. Il l'aime tellement, vous comprenez...

Sale type. Le monde sera tellement plus beau sans toi.

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